"Bébichon"
Aujourd'hui j'utilisais ce mot. Automatiquement, il sortait de ma bouche, en appelant l'un d'entre eux. Mon "bébichon". J'ai toujours trouvé touchant le fait que mon propre père avait quelques mots doux inventés comme celui-ci. Un petit "bébichon".
Aujourd'hui j'aime me dire que j'ai ce regard de parent. J'aime grandir et comprendre lentement ce qu'ont pu ressentir mon papa et ma maman il y a deux belles dizaines d'années.
Ces derniers jours ont vu beaucoup de changements. Peut-être pas tant quantitativement, mais à mes yeux, ils représentent beaucoup, énormément. J'ai arrêté mon nouveau travail. J'ai vécu et je vis encore aujourd'hui une importante remise en question psycholo-professionnalo-existentielle. J'ai des envies de voyage(s), surtout de départ. De partir assez loin et de découvrir d'autres cultures, d'autres personnes. D'aider. J'ai envie d'aider là-bas. De me sentir plus vivante que jamais en mettant en pratique au quotidien mon soutien. En l'offrant à d'autres personnes que celles de ma famille. Je sais aujourd'hui qu'un coeur humain est bien trop gros pour seulement trois personnes.
En attendant davantage de concret, des projets solides et bétonnés, je tente de profiter et de saisir chaque jour un peu plus tout le sens de ce mot qui parfois m'échappe. Comment profiter au mieux ? Comment profiter au maximum ? Je crois que je ne détiens pas encore le secret.
J'essaie de noter dès que je le peux les nouvelles phrases d'Octave. Il parle vraiment très bien. Tout le monde me le dit. Et pourtant, il y a encore trois mois, il ne communiquait que par onomatopées. Comme sa cousine Inès, il ne quitte pas une seconde ni même d'une semelle son chien, qu'il détermine d'ailleurs maintenant par le pronom "mon". "Il est où mon chien ? Mais je sais pas !", "Attends mon chien, maman me 'shabille". Il va même jusqu'à lui brosser les dents...Il compte pas très bien mais connaît toutes les couleurs, la gamme et révise les octaves dans son lit. Il sait reconnaître plusieurs lettres comme le T, le S, le O, le C, le U, le M etc. Il fait des "blaaaagues" et nous reprend au moindre gros mot prononcé, exactement comme ça : "Oh non maman, on dit pas ça, on dit mince-zut maman". Je voudrais tout bloquer des fois, tout figer. Avoir le pouvoir, toujours le même, de garder en mémoire, et encore mieux, de pouvoir dans vingt, trente ans ou six jours revivre mes moments choisis...
Aujourd'hui je n'ai plus de travail, mais j'ai mes enfants. Et j'arrive à mieux le supporter depuis que j'ai vécu une situation éloignée d'eux...