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(H)ope (H)ome
22 février 2011

Le cri

Ca y'est, j'ai le sentiment de perdre totalement pied. De ne plus sentir le fond pour retrouver la surface. De ne plus gérer le quotidien. Je ne supporte plus qu'il m'appelle, qu'il crie sans arrêt. En ce moment, je hais l'idée de ne plus les aimer quand je les regarde. En ce moment, je voudrais être si seule, si éloignée. Eloignée de tout cela. De ma vie de famille qui me pèse, de l'éducation qui est atroce et fatigante. Eloignée du rébarbatif, du sentiment d'avoir déjà 80 ans. En ce moment je me réveille le matin avec un mal de tête horrible, des courbatures au bassin, du plomb plein les ligaments. En ce moment, je suis épuisée à l'idée de monter faire couler le petit bain de Marceau. Il est trop bas et me fait trop mal au dos. Tellement mal au dos à chaque relevée que j'abrège ce délicieux moment d'immersion pour mon petit second. En ce moment, je pleure, j'hurle sans arrêt, je me sens profondèment maman gâchée. Moi qui était si persuadée, depuis toute petite, que ma consécration serait la maternité. Je suis si desespérée de constater que je ne suis qu'échouée. En ce moment, je pleure encore car les années passées avec mes bébés sont râtées. Je ne suis pas douce et attentionnée. Je suis si loin de la maman que je croyais. Je n'y arrive jamais. Je souffre d'être loin de ma propre mère et de son soutien précieux. Je souffre de me sentir seule à lutter. Isolée. Je souffre que rien ne disparaisse quand je ferme les yeux. En ce moment, je pleure dès que je m'aperçois dans un miroir complètement déshabillée. Le corps marqué, le corps abimé d'avoir porté des enfants que je n'ai pas le courage d'affectionner. Mes enfants que je n'ai pas la force d'aimer.

Il suffit à présent de faire semblant. De mentir, de dire que tout va bien. Que les journées sont belles et heureuses. Ce n'est pas vrai. Je suis seulement un peu soulagée à l'idée de retravailler. De me lever le matin et de me débarrasser des bébés. Soulagée à l'idée de passer une journée entière loin des miens. Loin des couches sales, des purées qui bavent, des pleurs, des siestes hachées, des danses idiotes, d'une communication handicapée. Aujourd'hui, même les fuites à vélo ou à pied ne me soulagent en rien. Je déteste l'idée de revenir à mon quotidien.

Aujourd'hui, j'ai envie de tout frapper, d'hurler, d'envoyer ballader. Aujourd'hui, j'ai envie de crier.

le_cri_pola

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Commentaires
Oh, je te lis ce matin et ça me brise le coeur.<br /> J'ai ressenti ça quelques fois déjà depuis la naissance de B. et quelle douleur. Je ne peux que t'envoyer plein de baisers et de tendresse. Courage !
F
ce que c'est dur de lire ta douleur loin de toi, de vous!!!! mais on ne prévient jamais assez nos filles, femmes et futures mères que les enfants aménent avec eux amour et souffrance mais que le premier et toujours gagnant sur le second. je vous aime et vous nous manquez !!!
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