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(H)ope (H)ome

10 décembre 2012

Croquer une demie-tablette de chocolat noir à la fleur de sel, et redécouvrir ses bras réconfortants.

Dieu que j'ai délaissé mon blog. Mon jardin. Dieu qu'il s'en est passées des choses...Dieu que j'ai pu en baver. Je reviens plus forte, encore grandie. Un peu plus près de la mort, mais renforcée et réfléchie ! J'ai fumé aussi. Encore. Mais je me suis purifiée au yoga, alors...

Pour dire vrai je n'ai jamais cessé d'écrire, mais moins ici. Davantage écrit à des amis. Rattrapé mes coups de fil à la bourre. Couru après mon retard. Pour dire vrai je n'ai pas encore tout à fait trouvé ma voie, mais j'y ai beaucoup songé.
Pour dire vrai, j'ai eu une terrible envie de tout plaquer. De tout arrêter, de tout stoper. Mes envolées, mon quotidien, mes enfants, ma vie dans laquelle j'avais du mal à me retrouver. Adieu mes CDD, adieu mes ongles gribouillés, ma coiffure qui me faisait suer, adieu mon amour, ma famille, ma patrie.

Maintenant, je comprends mieux aussi ce que voulait dire papi Michel, sur son lit au Ruban d'argent, quand il exprimait, d'un air un peu désespéré, son incompréhension quant à notre présence sur terre. Quand il se demandait à haute voix, avec moi comme témoin, juste à côté de lui, ce qu'on foutait bien là. Maintenant, je suis maman aussi. Et je comprends mieux la place et le rôle de ma propre maman qui essayait de rassurer mes angoisses de petite fille. Maintenant que j'habite ce nouveau rôle, cette nouvelle facette, je comprends à mon tour ce que tout cela signifie. Être là et pallier les angoisses de mes propres bébés. Leur dissimuler la vérité qui n'est parfois que cruauté. Cacher une réalité qu'ils ne sont pas encore prêts à accepter.

Maintenant je me souviens aussi d'un jour où elle nous avait demandé ce que tout le monde pouvait bien vouloir dire par profiter de la vie ? PROFITER. Maintenant je suis comme elle. Grosse foutaise. C'est probablement simplement vivre. Vivre cette trêve qui nous est donnée, qui nous colle aux basques, et dont on ne pourra pas se débarasser. Profiter de ce fardeau qu'on aurait préféré parfois ne pas avoir à porter, et qui pourtant peut devenir si léger, jusqu'à carrément disparaître certains jours.

Dieu qu'il est doux de ne plus rien sentir. D'être simplement là comme spectatrice. D'aller à la nuit tombée faire le tour des chambres éclairées par des veilleuses, de remonter une couette épaisse sur le bout de leur nez, de les embrasser et de larmoyer. Doux de faire des projets et de savoir qu'il reste des années pour se réaliser. Doux de se réconcilier après une tempête de cris et le passage fracassant et tempétueux de "maman-gorille". Doux de se caresser simplement après avoir eu envie de se frapper. Doux de se comprendre doucement après s'être injurié. Doux de s'aimer follement après s'être éloigné.

Maintenant, à cet endroit précis, il y a le sapin géant, il y a moi qui me vois de haut en train de m'exciter contre les amas de boules de mes crapauds, il y a moi qui se moque de moi, il y a moi légèrement plus posée, la grosse chienne guérie, il y a Marceau qui va aux toilettes pour faire pipi, il n'y a plus de couches youpiiiii, il y a la fondue qui pue certains soirs dans nos cheveux et ceux de nos amis, il y a les murs de notre salle de bain tout moisis, il y a la nuit qui est déjà tombée quand on rentre à la maison avec les garçons, il y a ma fourrure dans laquelle j'ai bien chaud, mon chignon que j'ai noué à nouveau, il y a mes soucis dont je me fiche un peu plus, il y a lui avec qui je voudrais braver la mort et son éternité, il y a les 16° inside et le fuel qui sent fort, il y a la cheminée qui me manque et le bois qui crépite, il y a ma mère et mon père trop loin, ma soeur et mes frères trop loin, Inès et Marion, les papis, une mamie, il y en a une deuxième d'adoption qui me rappelle celle qui avait la peau des bras pendante à souhait et trop douce, il y a cet endroit précis, celui où coule ma vie.

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5 septembre 2012

Rentrer chez nous après trois semaines de vacances et ne plus reconnaître la maison.

J'ai apprécié partir pendant plus de vingt jours. Tout autant apprécié de retrouver mon statut d'amoureuse. Il a gardé sa barbe si sexy pendant toutes nos vacances. Je l'ai désiré pendant toutes les vacances. Nous avons roulé en voiture, beaucoup, et parcouru au total plus de 3000 kms tous les quatre, ensemble. Nous nous sommes disputés au départ, surtout. Pour des pacotilles. Nous nous sommes disputés, puis plus rien. Un désert d'amour et de tranquilité pendant plus de vingt jours.

Dieu que c'était bon. Les petits ont sauté au moins 178 fois dans la piscine. J'ai fait du canyoning comme j'irai en shopping. Mais sans les talons. L'eau était si clair, si pure. J'ai adoré me baigner dans ces bassins naturels glacés. J'ai adoré sentir mes jambes bouillir de froid après m'être trempée. Les voir rougir comme des folles. J'ai été saisie par l'eau comme jamais. J'ai sauté de 7 mètres de haut et crié en attendant que mes doigts de pied frôlent enfin la surface liquide. J'ai aidé maman à cuisiner, un peu, beaucoup, passionément. J'ai dévoré la terrine de chèvre et les poivrons marinés, par dizaines. J'ai cette année encore refusé de goûter les huîtres Gillardeau, et j'ai regardé Lolotte et mon Sticot s'en empiffrer, sous mes yeux, en tartinant allègrement mes grosses tranches de pain de beurre demi-sel aux algues. J'ai pensé aux livres que je lis trop lentement. J'ai pensé au moins 90 fois à la mort. 90 fois en plus de 20 jours, mais tant pis. J'ai passé ma main à la fenêtre de la voiture de papa et senti l'air chaud du sud contre mon bras tout entier. J'ai braillé comme une gamine quand nous avons longé le lac entre Narbonne et Leucate, juste au moment où l'ont aperçoit la brume dans les montagnes des pyrénées. J'ai braillé comme une gamine et excité mes petits garçons assis sur la banquette arrière, quand nous n'étions plus qu'à une demie-heure de chez papa et maman. J'ai serré mes frères fort dans mes bras. J'ai fait le jeu du "j'ai jamais" avec eux et découvert des détails drôles sur leur vie intime. Je me suis sentie alors intime d'eux, et j'ai aimé fort ça. J'ai ri et bu au moins 5 litres de ti'punch pendant nos vacances. J'ai acheté un maillot en marinière dis fois trop petit parce-que je n'aime plus du tout essayer les vêtements dans les cabines puantes des magasins. J'ai acheté une robe blanche plus longue que moi, un shampooing Kiehls, un gel douche aux laits d'ânesse et de jument et au rhassoul, une paire de chaussures Anniel en promotion pour mon amoureux, plein de tisanes. J'ai insulté le vendeur de la boutique de chaussures et ai eu envie de le frapper violemment. J'ai compris qu'Octave avait compris qu'un jour nous allons devenir des papi et mamie son papa et moi. Je n'ai pas fait toutes les activités de ma liste. Je ne suis pas allée faire des bouquets de chardon. J'ai commencé à accepter doucement le fait de ne pas vouloir tout vivre à court terme. J'ai fait des recherches sur le baptème juif, et j'ai discuté de mes envies d'avoir un enfant de chaque religion. J'ai rendu visite à papi Loulou et papi Michel. Et puis je m'en suis voulue de ne pas être allée assez voir papi Michel. J'ai pleuré plein de fois après être allée voir papi Loulou. J'ai réalisé qu'il pouvait nous quitter. Je lui ai massé les jambes avec Pauline, je lui ai coupé les cheveux. Qu'est-ce que je me suis sentie vivante. J'ai bien senti que papa et maman étaient un peu moins amoureux. J'ai peins le mur du fond en gris foncé avec les gars. Je n'ai pas eu la force de sortir, à cause de la fatigue, et j'ai déçu Arthur. J'ai mangé des brochettes de poulet à la crème de sésame grillé sur la plage avant de faire des photos lunaires du sable avec ma soeur. J'ai eu peur de rentrer. De retrouver notre état normalo-quotidien-annuel. Parce-que pour moi, la vie c'est pas ça.

J'ai trop aimé perdre mes repères. J'aime perdre mes repères. Je veux vibrer, bouillir, m'aventurer, me risquer. Je veux perdre et je veux gagner. Aimer et détester. Quitter et retrouver. Je ne veux pas d'une vie normale et tranquille. Je veux des grosses vagues.

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25 juillet 2012

Ecrire dans mon nouveau cahier anglais "One line a day", chaque soir, avant de me coucher.

C'est à la fois drôle et bon de revenir ici. De retomber sur le précédent post laissé à l'abandon, dans la catégorie "brouillon", depuis le mois de février dernier. Ouah. Tant de temps que ça alors...C'est moins drôle de voir que mon tempérament a changé, que notre couple n'est plus ce qu'il était en ce mois glacé de début d'année. C'est beaucoup moins drôle de venir raconter ici que la mort m'envahit de plus en plus. Que pépé Gadget est parti dans le ciel en juin, que pépé Loulou se remet doucement d'une opération du coeur, que le poisson rouge de Marceau a terminé dans les toilettes, que je ne suis protégée de rien, qu'un jour je partirai.

C'est doux et vivant de découvrir des nouvelles pages, des nouveaux livres, des nouvelles chansons qui me vont encore vibrer. C'est super de rêver, de rêver. Qu'un jour j'aurai un ranch, une terrasse couverte, beaucoup de bois, et puis des cornes du taxidermiste caennais chez lequel je ne suis encore jamais entré. Qu'un jour je pourrai piloter une vieille DS, qu'un jour j'enfanterai, encore, encore. Rêver que l'amour puisse durer toujours. Que le quotidien n'existe pas, que l'aventure est juste là. Rêver qu'on se reparlera comme avant, lui et moi. Qu'on se regardera comme avant, lui et moi.

C'est fort d'entendre Marceau prononcer "Mama", "Tatav" (pour Octave), "bobo", "ouah", "Nounou", "ouah" encore, "papi" et "papou" et "mamie" et "mamou" et "ouaaaah", et "cacaquou" (pour...coquillage, cailloux, camion). C'est marrant de l'écouter chanter ses deux chansons préférées, en anglais, alors qu'il ne maîtrise pas encore un millionième du français. C'est pas évident de devoir répondre à son petit grand et à toutes ses questions qui lui traversent l'esprit. Pourquoi on vieillit / Pourquoi on part dans le ciel / Et toi aussi quand je serai un papa et que tu seras une mamie tu partiras dans le ciel en hélicoptère comme mémé Loulou ? / Quand est-ce qu'on retourne à l'école / Quand je serai une fille j'aurai moi aussi un bébé dans mon ventre...C'est douloureux de crier après eux, de mettre des fessées contre sa volonté puis d'avoir envie de pleurer de les voir pleurer.

C'est énervant et ça rend tellement impuissant de comprendre qu'on ne sera jamais chirurgien, ni acteur, ni homme, ni explorateur, ni jeune de 20 ans, ni toute la vie devant, ni mariée à un grand musicien. Toutes ces choses que je n'aurai jamais, toutes ces choses que je ne vivrai sans doute jamais. C'est à cela que je pense en ce moment. C'est tout cela qui me hante en ce moment. Et à côté de ça, ma liste de vie s'allonge, je fais des choix de rêve, je fais des choix. Je dois faire des choix. Accepter mes décisions, accepter la direction, et la vivre à 1000 pour cent, sans jamais regretter le chemin non emprunté.

 

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25 février 2012

Me coucher près d'Octave, à la nuit tombée, et l'entendre répondre à mes mots d'amour par d'autres encore plus doux.

(post datant du 25 février dernier, retrouvé dans mes brouillons...je n'avais pas ajouté les photos, aujourd'hui, c'est chose faite)

En ce moment, je viens moins ici. Je me pose plus de questions en dehors. Je m'allonge certains soirs dans les draps glacés, et je pense à ce que j'ai envie de dire. D'écrire. En ayant toujours peur d'avoir tout oublié une fois le soleil levé. Alors ce que je trouve doux, en ce moment, c'est de me réchauffer contre lui, et de le regarder, allongée sur son épaule. C'est ma position préférée, celle qui me permet de bien profiter de ces longs cils et de sa barbe que j'aime tant. Je pourrais rester comme ça pendant des heures. Des années. J'essaie faussement de lutter contre le sommeil qui m'envahit. Que j'aime ça. Siroter ma tisane rouge et m'endormir de cette manière. Je pense souvent au fait que cette douceur m'accompagnera jusqu'à la mort. J'essaie de collectionner toutes les petites sucreries qu'offre la vie. Les petites sucreries qui font de moi ce que je suis.

En ce moment, j'aime apprendre par l'IRM qu'il a "le syndrome de l'amoureux". J'aime être rassurée. J'aime tout nettoyer et tout ranger. J'aime m'apercevoir aussi que le yoga me manque. J'aime moins les douleurs de dos, chroniques. J'aime moins les gros mots qui m'échappent et sentir cette panique. J'aime cuisiner des légumes, faire des purées imaginaires et colorées, et les goûter avec eux. J'aime absolument passionnément les cookies qu'il nous fait. Ses surprises, sa gaieté. J'aime Octave qui appelle son père "Mapa" (un mélange de MA-man et de PA-pa). J'aime son imaginaire qui flamboie. J'aime qu'il refuse de tuer des cochons pour manger du jambon, de tuer le petit veau de la maman vache, de tuer les pâtes pour manger des pâtes. J'aime sauter dans son lit, à la nuit tombée, pour lui chanter sa chanson douce. Celle que je lui ai réservée depuis qu'il est tout bébé, et que je répète pour tout calmer. J'aime le voir alors fermer les yeux et me serrer. Puis m'accompagner et demander le passage de la "biche qui nous aboie". J'aime quand il me dit des secrets. J'aime moins l'effrayer en lui annonçant qu'il a lui aussi un petit coeur qui bat, juste sous sa poitrine caché. J'aime un peu qu'il croit que ce coeur ne lui appartient pas. Que ce coeur fait "poupoum, poupoum" lentement, comme une bête étrange...

En ce moment, il y a les questions que je me pose. Les comparaisons que je fais dans ma tête. Il y a Marceau qui reste dans le silence. Alors que son frère, au même âge, disait plusieurs mots. Il y a peut-être leur place dans la fratrie qui joue gros. Un aîné davantage laissé, livré à l'autonomie, et un second couvé, un peu plus protégé mais avec lequel j'ai moins la force de me poser et le temps pour instruire. Un numéro-deux-rapproché avec qui j'ai moins de pêche pour jouer, un premier que j'ai beaucoup aidé à écrire et à colorier mais que j'ai aussi laissé se débrouiller.

En ce moment il y a ma gourmandise, exponentielle, qui tend vers l'infini. Il y a aussi un point d'équilibre à trouver. Ce point parfait, cette croix sur la carte, comme un trésor à placer entre mes enfants, mon amoureux...sans oublier ma liberté. 

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25 janvier 2012

Faire mon petit cérémonial de la tisane, humer les odeurs de queues de cerise et croquer dans un pontépiscopien encore chaud

J'aurais envie de bulles. Les mêmes que celles dont se servait Clémentine, dans ce dessin animé de mon enfance qui m'a tant marquée. J'ai besoin de bulles. Parce-que je regrette tellement, au fur et à mesure du temps qui me repasse et sèche ma peau, je regrette tellement de n'avoir qu'une seule vie.

J'aurais envie de pouvoir en vivre plein. J'aurais envie d'apprendre la batterie, d'être concertiste, de faire des études de pédiatrie, de passer dix ans en Afrique, de découvrir l'Islande, la Norvège, le Groenland, de photographier les paysages par une fenêtre du Transsibérien, d'être indienne, écrivaine, actrice, d'adopter douze enfants et d'en porter au moins vingt.

J'aurais envie de pouvoir accepter l'impossible. De pouvoir vivre au moins cinq histoires d'amour passionnées et douloureuses. Parce-que quand je souffre, je vis.

Je souffle dans des bulles. Je souffle fort pour me battre et faire exploser des plaisirs simples. Je souffle fort pour que l'aspirateur s'envole, pour que les craies recouvrent la cour de rouge et de jaune, pour caresser des éléphants, pour inviter ceux que j'aime à dîner tous les soirs, pour partager une journée de ma vie d'aujourd'hui avec ma mamie-dans-le-ciel, pour que les notes qui nous font perdre la tête étincellent. Je souffle à m'époumoner, je souffle jusqu'à retomber comme un gros soufflé...mais juste après une belle envolée.

Gui 2012

Octave paradise

Octave groucho

Michou sous le soleil

Mes vierges

Chbre

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21 décembre 2011

Faire exprès de rouler dans les flaques et crier aux éclaboussures, comme le faisait maman, mais aujourd'hui avec mes enfants

Je pense à tout ça. A ce que j'étais. A ce que je suis devenue. J'ai moins peur de la mort, parfois. J'ai changé de maison. Je reçois tout le monde pour les fêtes, enfin, chez moi. Chez nous. Je suis fatiguée, j'ai le dos qui me tire. Mais petit à petit, j'ai des projets, je plante des clous, et j'accroche à nouveau mes chapeaux, nos chapeaux, mes vierges collectionnées.

Ils pensent à quoi, eux ? Mes tout petits qui dorment chacun dans le même lit, mais plus au même endroit. Il se réveille le matin en s'étirant comme un chat. J'aperçois alors son petit ventre aspiré, ses genoux cagneux, son corps que j'ai fait. Il s'étire comme un chat et me dit qu'il a bien dormi dans sa nouvelle chambre. Sa nouvelle chambre qu'il nous interdit formellement d'adjectiver de "grande", mais plutôt d' "immense" (en insistant bien sur le "i"). Le petit frère, quant à lui, semble ravi. Ses jambes se plient, ses doigts vont chercher les manettes de l'ampli, son corps swingue sous les basses secouant le plancher.

Je vis dans tout ça. Je suis là. J'apprends à respirer, à prolonger ma vie. Et quand je sens la conscience morbide m'envahir, quand je sens cette finitude violer mon esprit, alors maintenant, je danse plus haut, plus fort. Je cours vers eux pour les serrer, et en profiter, et leur crier délicatement que je les aime.

Avec au fond de moi, secrétement, ce terrible désir de repousser la réalité. Avec au fond de moi, l'envie de me battre pour que jamais, absolument jamais, nous ne soyons séparés.

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8 décembre 2011

Faits, gestes et mots d'enfants

C'est Octave qui me fait plusieurs fois rire.

Malgré les bacteries qui font la course, la fatigue de la saison, la crise des 31 mois (quelqu'un en a-t-il déjà entendu parler ?...), l'angoisse d'une nouvelle maison, les jouets progressivement enfermés dans les cartons, le belle et violente affirmation...Malgré tout cela, rions !

° Pour Octave, c'est le temps de Noël,  de Saint-Nicolas, de la fête et des chocolats. Alors je le scrute dans les rétroviseurs de la voiture, à pister les lumières qui nous entourent et qui éclairent le ciel des villes. L'autre soir, la mission carburant au sein d'une délicieuse "Z.A" normande, n'y coupait pas. Et en arrivant sous le Buffalo Grill (qui, rappelons-le pour l'anecdote, possède une enseigne rouge en forme de cornes de taureaux), quelle ne fut pas mon doux rire en entendant ces exclamations : "Ouaaahhh maman, c'est les lumières de noël de papi Moustaaache !"

° Pour Octave, le départ de notre maison pour une nouvelle plus grande, plus agréable, plus rurale, plus cheminéale, plus parquet-ancien, plus grande-hauteur-sous-plafond, plus on-va-surkiffer-les volumes etc, etc. n'est associé qu'à des cauchemars, des angoisses et du stress...Et malgré toutes nos tentatives d'amour et de conviction, la boule au ventre est plus que présente, et s'enflamme sporadiquement. Exemples en maux d'enfant, entrecoupés de larmes : Mise en situation : Octave est chez ses grands parents pour la nuit, il se réveille à 6h du matin, paniqué " Et ben, et ben tu sais mamie Cathoune, maman m'a piqué mon bracelet de mamichat, et puis tout est dans les cartons, j'ai même pu d'musique, la musique est aussi dans les cartons..." Autre exemple : Mise en situation : Octave est venu avec nous pour le deuxième rendez-vous de visite de la nouvelle maison, avec Mme la Maire de Manneville-La-Pipard, qui se trouve être notre future propriétaire. La dame, d'un certain âge, aux cheveux blancs et gris, semble douce mais très carrée. Sa sévérité a manifestement marqué notre aîné, car l'autre jour, en voiture, alors que je branchais Radio Musiques et que je laissais la cantatrice s'exprimer... Oh oh, maman, écoute, écoute, c'est Madame Papipard qui chante...Je vais être gentil hein maman avec Madame Papipard, je vais dire bonjour..."

J'avais peur d'oublier. Trop peur de laisser s'envoler ces moments, ces mots de mon enfant.

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24 novembre 2011

M'affaler dans le canapé et griller une cigarette, la tête sur son ventre et les pieds en l'air, et regarder un navet

En ce moment, je suis over méga addict aux pépitos/pontépiscopiens. Ces gâteaux fourrés aux billes de chocolat, avec une sorte de crème patissière au milieu, le tout enrobé d'une pâte simplement délicieuse. J'en mange le matin en arrivant au boulot, j'en mange au goûter ou au dessert les jours où je ne vais pas travailler.

En ce moment, je me lève le matin exténuée. Avec cette impression de n'avoir pas dormi assez. Peut-être deux heures ou trois tout au plus. Et je crie, il crie, nous crions. Nous avons quelques difficultés à nous faire respecter par notre aîné. Lui qui comprend comme il le peut que dans une quinzaine de jours, nous changeons de maison. Lui qui mouille à nouveau ses pantalons. Lui qui parfois ne parle qu'en langage "bébé", avec quelques sons et onomatopées. Lui qui adore faire "le rock'n roll", lui qui sait pertinemment utiliser les "assez", "alors", "se tourner le dos", "être face à face", "pourquoi, pourquoi maman", les "immense", "vachement bon", "c'est toute ma faute"...Alors forcèment, en ce moment, je pleure un peu. Je pleure après les fessées que je lui donne tout au long de la journée, je pleure à cause du bazarre dans ma tête, à cause de Madame Culpabilité.

En ce moment il y a aussi la visite des premières vraies maladies. Celles qui piquent la gorge et poussent le corps à des températures tropicales. Il y a eu Octave puis Marceau, une nuit dans nos draps chauds, une nuit dans notre lit...J'ai adoré ça. J'ai adoré Marceau, de dos, au réveil, dans son pyjama au tissu d'écolier. J'ai adoré Marceau, qui a exactement le même dos que son grand frère. P'tit corps craché.

En ce moment, il y a moi, qui continue les allers-retours, qui trie, qui range, qui compile et regroupe. Il y a moi qui me construit des souvenirs à une allure supersonique. Qui récupère le vécu d'ici et qui essaie de l'ajouter à nos cartons déjà bien remplis. Et il y a moi, en ce moment, qui couche mes pensées sur cette page en mangeant un pontépiscopien de l'Epi d'Or, tout juste sorti du four, dans le froid qui arrive enfin...

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14 novembre 2011

Arriver vite chez eux pour dire au revoir aux garçons et pleurer en cachette, avant de m'envoler à New-York avec lui

Je ne suis pas venue poser mes sentiments ici depuis trois semaines qui m'ont semblé être trois rapides années ! J'en étais restée à Jean-Louis Fournier, aux allers-retours au Marchepied, à tous mes projets. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'être plus grande alors. J'ai couru, couru le 27 octobre au soir dernier. J'ai couru après le conseil d'administration pour arriver avant qu'ils ne soient couchés. A peine arrivée, complètement excitée, leur maison semblait très calme, beaucoup plus que je ne l'étais. Marceau passait entre leur cuisine et l'entrée, et se jetait dans mes bras, en faisant ses tout premiers pas...Un signe!, m'écriais-je au dedans. Et puis nous les avons couchés. Un torrent de lave dans mon corps. Et puis je suis montée. Seule. Pour la première fois depuis qu'ils sont nés, j'allais m'envoler loin, très loin. Pour la première fois depuis qu'ils sont nés, j'allais les laisser. Longtemps, assez longtemps je trouvais ! Mais pas trop non plus pour une toute première fois. Je suis montée, et malgré tout le sédatif PC ingéré, rien n'aurait pu me calmer. J'avais du mal à ne pas m'éterniser. Je les ai serrés. Surtout Octave, plus âgé, peut-être plus à même de partager ce moment avec moi. J'ai susurré des "Au revoir" par milliers... En tirant la porte, j'ai eu énormément envie de pleurer. Et bien avant d'ailleurs. Terrifiée par l'avion. Terrifiée par les turbulences, terrifiée de mourir noyée, et de ne jamais les retrouver.

Et puis nous sommes rentrés. Contre toutes mes attentes et ma déraison, nous les avons retrouvés. Et c'était tellement bien cette séparation, tellement bon d'être cinq longs jours qui nous ont semblé cinq longs mois à des milliers de kilomètres de là. S'en prendre plein la vue, se faire mouiller par la neige qui n'est d'habitude jamais là à cette saison, ne rien comprendre à certaines installations du MoMA et en rigoler, commander des tonnes de "vegatables" bio dans un diner downtown à croquer, boire une bouteille de chardonnay étranger et repartir complètement gais, s'extasier, discuter de Sarkozy avec le chauffeur de taxi, renforcer notre complicité, être dégoutée par l'emplacement du Bacon au musée, mettre un peu nos enfants de côté, se réveiller à 5h du mat' super excitée, manger une "slice" de pizza recouverte de fromage plastifié, tripoter des billets verts avec mes mitaines en laine trouées, voir la tronche des touristes agglutinés pas loin de la statue de la liberté, et s'étonner d'avoir envie de rentrer pour retrouver ma vie de qualité...

J'ai adoré, il a adoré, nous avons adoré. Depuis notre retour, je l'aime comme jamais.

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21 octobre 2011

Ecouter J.-L. Fournier parler de sa femme disparue, essuyer une larme sur ma joue, espérant que mon tour viendra avant le sien

En ce moment il y a les trajets en voiture, et les réparations. Il y a les pièces si légères qu'elles s'envolent, ou qu'elles passent par nos poches percées. Il y a le bouillon dans lequel les nouilles sont jetées, et puis l'autre vie que je me surprends à rêver. Celle sans petits, ciel mon mari, celle sans grand choix encore fait. La vie sous forme d'embryon, la vie chaude, l'avis rêche sur les choses, la vie qui offre tout à bâtir, tout à construire, tout à découvrir...

Et puis en ce moment il y a aussi la pincée sage. Celle que je ne pensais jamais tâter, jamais goûter. Il y a mes enfants, l'homme que j'ai choisi (tout du moins, pour l'instant !), et puis le cordon solide qui me permet de m'évader par la pensée, seulement, pour revenir apaisée dans mon quotidien, rafraîchie dans le sang.

En ce moment, clairement, il y a des doutes, du sommeil à rattraper, l'angoisse d'un tout premier long voyage éloigné d'eux, des projets en suspens, en bataille, la peur du gros oiseau de fer. Aussi le caillou dans le ventre dû à l'excitation de ce départ, leur petite bouche qui suce le gâteau au beurre salé et que je pourrais dévorer, il y a son corps avec lequel je voudrais être greffée. Il y a nous autres, nous quatre petites personnes aimantées.

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