Le temps manque
Cela commence à faire trop longtemps. Trop longtemps que je n'avais pas pris le temps de me poser face à mon écran. Problèmes informatiques, reprise d'un emploi très prenant, quotidien à gérer avec son lot de bon comme de mauvais...Bref ! L'écriture me manquait. L'usage des mots, presque posés sur le papier, crachés, me manquait. Je profite d'un moment de latence, d'un moment suspendu, mon préféré, celui qui me met à l'horizontal, à côté de lui, au chaud sous une couette en plumes à l'imprimé "toile de jouy", pour écrire que le temps me manque.
Il y a plein d'évenements, plutôt petits que grands, auxquels j'avais terriblement envie d'accorder une page ici. Mais la galerie me prend mes journées. La galerie et le peu de clients me bouffe la vie. Et ça me fait tellement de bien. De tout larguer le matin, de ne penser qu'à assurer. De me sentir à nouveau dans mon élément passionné. Au milieu des oeuvres, des sculptures en bronze et des toiles colorées...J'apprécie encore plus de retrouver mes enfants. De retrouver ma maison. Je fonce à chaque fois que je quitte le travail pour rentrer chez moi. Et j'aime ce trop plein. Cette effervescence qui me remplit, et qui me fait si bien oublier la terrible finitude de la vie.
Cette nuit alors je poserai des photos en paquet. Celles des moments derniers. De tout le bon comme le mauvais. Des gens que j'aime tant qui sont passés, de notre Fernande qui fait partie de nous, de ce que ma vie est, de Marceau qui tient debout, d'Octave qui redevient bébé, des hommes qui posent, si doux, des cadeaux qu'il me ramène maintenant qu'il est obligé d'aller chiner en solitaire...
Toujours pour ne surtout rien oublier. Ne jamais rien oublier.